Friday, September 7, 2012

Max Payne 3


Autant le dire tout de suite: Max Payne 3 est le jeu auquel j'ai consacré le plus de temps et d'énergie cette année. C'est le jeu qui m'a suivi à travers tout le printemps érable, la gratuité de sa violence virtuelle contrastant bizarrement avec la dureté bien réelle de ce qui se passait dans la province. Trois passages de sa durée étonnamment longue -- une quinzaine d'heures -- n'ont pas suffi pas à tarir complètement ma soif, et j'y retourne encore de temps à autre dans l'espoir de conquérir son mode "arcade". Mais surtout, Max Payne 3 est le jeu auquel j'ai le plus réfléchi depuis sa sortie en avril ; celui sur lequel j'ai le plus lu, et celui qui m'a le plus frustré sur le plan critique. On peut facilement parler d'obsession malsaine.




Un élément plus que tout autre m'y a gardé accroché: ce bon vieux Max lui-même. Entre l'amertume sans fin de l'homme brisé, la fatigue burinée dans son visage et la performance franchement stupéfiante du comédien James McCaffrey, quelque chose du personnage continue d'exercer sur moi le même attrait qu'il avait dans les tendres années du secondaire. Dommage que la nouvelle intrigue dans laquelle il se voit plongé ne suscite pas la même fascination. Kidnappings, dépression chronique, conspiration politique, trafic d'organes... Le scénario s'embourbe dans des enjeux trop nombreux, sans non plus retrouver la surenchère doucement parodique qui faisait le charme des précédents Max Payne. Le courant de tension et de frustration qui traverse l'ensemble est intéressant (et superbement mis en relief par la partition du groupe HEALTH), mais il revient au joueur lui-même d'accorder la moindre valeur à ce qui s'avère avant tout une série de prétextes à fusillades sanglantes.

Ce qu'il reste en effet, c'est un jeu d'action d'une qualité absolument extraordinaire, performé avec toute la délicatesse d'un pachyderme en débandade. La lourdeur qui caractérise l'ensemble est à deux tranchants: autant le sérieux pompeux et le sordide omniprésent peuvent donner lieu à des passages franchement piétinants, autant la technologie à l'oeuvre procure un poids impressionnant et une présence physique tangible aux moindres actions dirigées par le joueur. Sur le plan du pur spectacle, Max Payne 3 excède en tous points le standard des jeux d'action contemporains, et rejoint l'attention au détail typiquement élevée des productions de Rockstar Games. C'est sur le plan du récit et de la cohérence qu'il traîne un peu de la patte, et fait sentir l'âge de sa conception finalisée il y a sans doute plusieurs années.

Verdict: MODÉRÉMENT RECOMMANDÉ, pour une forme et une force de frappe sans égales dans le paysage actuel, mais au fond et à la structure appartenant définitivement à une autre ère.

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