The Cave

 

Dans l'anticipation des premiers mois de la nouvelle année, il y avait peut-être deux jeux que j'attendais autant que The Cave. Pour tout dire, il suffit que le studio Double Fine annonce un nouveau titre pour que je perde un peu les pédales et prévoie d'y accorder une bonne semaine. Et ultimement, cet enthousiasme aura été assez justifié. Imaginé par le père de Monkey Island, The Cave n'est pas le chef-d'oeuvre que certains auraient voulu qu'il soit, mais reste une production très intéressante qui emporte la compagnie de Tim Schafer dans une direction rafraîchissante.

D'emblée, il faut dire que le produit fini qu'est The Cave ne s'avère pas à la hauteur de sa prémisse. D'un concept inspirant, à savoir les aventures de sept énergumènes au coeur d'une caverne vivante qui renfermerait les objets de leurs plus grands désirs, a été tiré un jeu de plate-formes et d'énigmes assez maladroit, souvent répétitif et techniquement fragile. Bien qu'assez amusant, le ton d'humour sardonique est un peu sec et même étonnamment superficiel, refusant de plonger dans la vraie substance des thèmes franchement sinistres que le récit aborde.

 

Ceci étant dit, les écueils sont compensés par des forces considérables. Le choix de faire primer la résolution d'énigmes sur la performance technique est louable en soi, mais le fait d'avoir lié les solutions de nombreux casse-tête à des opérations physiques concrètes -- ralentir le pas, déplacer un rocher, plonger dans une mare... -- est particulièrement brillant, forçant le joueur à palper le monde plus directement que dans un "point-and-click" traditionnel. Sur le plan visuel, The Cave est aussi une grande réussite, couvrant une vaste variété d'environnements sans dévier d'une ligne esthétique forte. Très riche en atmosphère, la réalisation plastique laisse planer en tout lieu un fond de noirceur et d'amertume tout à fait approprié, qui éclipse plusieurs aspects problématiques.

 

Aussi frustrant que séduisant et débordant d'idées, The Cave est à la fois le fruit d'une recherche plus ou moins aboutie et d'intentions très originales. Assez facile d'utilisation, plutôt court (trois ou quatre heures ; le jeu est pensé pour être refait au moins une fois) et souvent inventif en diable, il est emblématique du type de surprise, de partage et d'accessibilité auxquels aspirent les meilleurs studios indépendants d'aujourd'hui. C'est un jeu que je recommande malgré ses fautes évidentes, pour la sincérité de sa créativité et le rare plaisir de ses inspirations.